Client /
Dev
Role /
Art Direction
Agency /
Publicis
Year /
2023
Tombe d'Amenemhat
TT_340
Intitulé du projet /
Restauration de la chapelle peinte d’Amenemhat
Partenaires institutionnels /
Projet porté par l’Ifao et Misr University for Science & Technology (MUST)
Membres de l’équipe /
Mohamed Youssef Sedek (restaurateur) et Manon Lefevre (restaurateur)
Début du projet /
2019
État du projet /
Achevé
Objectif du projet /
À la demande du Ministère du tourisme et des antiquités égyptien, la mission a réalisé la restauration des peintures de la chapelle funéraire d’Amenemhat située sur les hauteurs du site de Deir el-Médina.
Le 13 mars 1925, Bernard Bruyère met au jour « une toute petite chambre voûtée dont la voûte imite une treille de vigne. Pour y accéder, il faut descendre quelques marches dans l’intérieur d’un petit puits ».
C’est la quatrième campagne de fouille à Deir el-Médina pour cet archéologue de l’Institut français d’archéologie orientale du Caire (Ifao) qui passera trente années de sa vie à explorer méthodiquement le site.
Cette tombe aménagée dans la nécropole à l’ouest du village est celle d’un ouvrier du nom d’Amenemhat. Datant du début de la 18ème dynastie (-1400 av. J.Chr.), elle est l’un des rares témoins de cette époque à Deir el-Médina et un des plus anciens monuments du site. Elle est composée d’une chapelle peinte et d’un puits funéraire où était ensevelie la momie du défunt. Mais, au moment de sa découverte, la tombe avait déjà été pillée depuis longtemps et aucun objet appartenant au propriétaire, ni son corps, n’y a été retrouvé.
Dans l’Antiquité, la chapelle était accessible aux vivants : les membres de la famille ou les collègues pouvaient ainsi venir se recueillir devant les images représentant le défunt afin d’honorer sa mémoire et de déposer des offrandes à son attention. Comme toutes les autres tombes de la même époque à Deir el-Médina, cette chapelle est petite, elle ne fait que 2,20 mètres de long sur 1,55 mètre de large pour une hauteur de 1,63 mètre. Le décor peint sur le plafond a sans doute été choisi pour rompre avec l’impression d’exiguïté et d’enfermement : il est couvert de la représentation d’une treille couverte des grappes de raisins d’une vigne grimpante, donnant ainsi l’impression d’être dans le patio d’une maison, au frais, sous un feuillage verdoyant. D’ailleurs, la première chose que l’on voit en entrant dans la chapelle c’est la représentation de cinq grandes jarres face à la porte d’entrée, qui étaient utilisées pour garder les liquides au frais. Le visiteur est ainsi accueilli comme il le serait dans la maison d’un vivant : installé sous une tente ombragée où il se verrait offrir un rafraîchissement.
À droite des jarres, Amenemhat est assis aux côtés de Satamon, sa première épouse, décédée au moment où la tombe a été aménagée. Leur fille est agenouillée à leurs pieds et l’un de leurs fils se tient face à eux. Il se nomme Sennefer et le texte peint au-dessus de lui nous indique que c’est lui qui s’est chargé de rédiger les textes dans la tombe de son père.
Sur la paroi nord les peintures sont inachevées, elles représentent les funérailles. Au registre inférieur, des hommes portent le mobilier destiné à être inhumé avec le défunt, tandis qu’un groupe de pleureuses, les bras en l’air, se lamentent au passage du cercueil représenté au registre supérieur. Dans le cintre, Amenemhat est agenouillé devant les dieux Anubis d’un côté et Osiris de l’autre. Cette même scène se retrouve sur la paroi d’en face. De ce côté de la chapelle, le côté gauche, le décor est conçu comme un tableau familial : les huit enfants du propriétaire, quatre fils et quatre filles, sont assis face à leur père en compagnie de sa seconde épouse, Noubnefert, et derrière le couple, ce sont les parents d’Amenemhat qui sont représentés.
Les restaurations : Ce phénomène naturel impossible à maîtriser, exerce une pression sur les murs de la chapelle et provoque des fissures de plusieurs dizaines de centimètres. Aussi l’enjeu pour les restaurateurs était de réussir à ce que la couche picturale garde son intégrité dans ces conditions. Pour comprendre les étapes de leurs interventions, il faut avoir en tête la manière dont les parois ont été conçues : une fois que la cavité a été taillée grossièrement dans le montage, un parement de brique crue a été posé de manière à donner cette belle forme voutée à la chapelle, puis il a été recouvert d’un mortier sur lequel un badigeon jaune a été étalé formant un support lisse et homogène pour les peintures. La couche picturale encore en place est plutôt en bon état, malgré les fissures et la présence de nids de guêpes maçonnes qui ont colonisées des recoins de la tombe. Des destructions humaines volontaires effectuées aux époques anciennes sont aussi visibles sur certaines parties des décors. C’est le cas par exemple des yeux et des visages des personnages qui ont été systématiquement grattés à une époque indéterminée comme pour conjurer un éventuel pouvoir de nuisances de ces images.
Autour de toutes ces dégradations, la peinture adhère moins à la paroi et avec le temps des fragments se morcellent et finissent par tomber érodant peu à peu la couche picturale. L’intervention des restaurateurs a donc consisté à retirer mécaniquement les résidus de nids d’insectes, à renforcer les différentes couches de la stratigraphie de la paroi en injectant des produits consolidant et à combler les fissures. En dernier lieu, des solins ont été posés. Ce sont des joints qui permettent d’empêcher la perte de matière, de renforcer l’adhésion des couches entre elles et d’en assurer l’étanchéité.
Nos restaurateurs ne sont pas là pour remettre en l’état un monument comme il était à l’origine ou pour repeindre les parties manquantes du décor, mais pour assurer la pérennité du lieu. Ils interviennent essentiellement pour stopper sa détérioration et empêcher que de nouveaux dommages irréversibles le dégradent davantage. S’ils accordent une attention particulière à la couleur des enduits de restauration, de manière à ce qu’ils ne jurent pas avec le ton général du reste du décor, leur intervention doit toujours rester visible, afin que le visiteur puisse faire la distinction entre ce qui est original et ce qui ne l’est pas.
Pour en savoir plus :
N. Cherpion, Deux tombes de la XVIIIe dynastie à Deir el-Medina, MIFAO 114, 2005, Le Caire
https://www.ifao.egnet.net/publications/catalogue/9782724702286/