Figurines féminines
Intitulé du projet /
Figurines féminines de Deir el-Médina
Partenaires institutionnels /
Universiteit Leiden
Membres de l’équipe /
Marie-Lys Arnette, Audrey Crabbé et Guy Lecuyot
Début du projet /
2018
État du projet /
En cours
Objectif du projet /
Etude et publication exhaustive des figurines féminines provenant de Deir el-Médina.
On appelle « figurines féminines » des petites statuettes représentant des femmes, le plus souvent nues, les caractères sexuels/féconds soulignés et éventuellement accompagnées d’un enfant. Longtemps délaissés, ces objets que l’on rencontre non seulement en Egypte, mais aussi en de nombreuses autres régions du monde antique, ont été découvertes par centaines sur le site de Deir el-Médina, notamment lors des fouilles dirigées par Bernard Bruyère. Les réserves du Palais Mounira, qui abrite l’Ifao au Caire, ont ainsi révélé 650 figurines, tandis que 150 sont encore conservées dans les magasins du site : presque toutes sont inédites. Leur grand nombre suffit pourtant à dire l’importance qu’elles devaient revêtir au sein de la petite communauté.
Les figurines féminines ont longtemps été prises pour des "concubines du mort", pour des poupées d’enfants ou pour des images d’une déesse-mère, jusqu'à ce que Geraldine Pinch, dans son livre Votive Offerings to Hathor, présente ces objets comme étant liés à des pratiques favorisant la fertilité (les interprétant notamment comme des ex-votos). Plus récemment, Elizabeth Waraksa a proposé, dans sa thèse Female Figurines from the Mut Precinct, que l'usage des figurines serait en fait beaucoup plus large, incluant par exemple des pratiques de guérison médico-magique. Toutefois, la collection émanant de Deir el-Médina est si variée, notamment en termes d’iconographie, de matériaux employés (argile cuite, terre crue, calcaire) et de techniques de production, qu’elle suggère des significations et, peut-être, des fonctions et des usages multiples.
Si beaucoup des figurines semblent produites en série, sans doute dans des ateliers, nombre d’entre elles sont modelées à la main, laissées crues, et révèlent des normes corporelles différentes de celles que l’on observe habituellement dans l’art égyptien « savant », ou « officiel », du Nouvel Empire : représentations de la grossesse, de tatouages, parties du corps seulement (nombril, sexe), etc. Sans doute réalisées par celles et ceux-là mêmes qui en avaient l’usage au village, ces figurines représentent un véritable art populaire, un domaine là encore très peu exploré en tant que tel.
L’objectif du projet est donc la publication d’une synthèse sur les figurines féminines du site, accompagnée d’un catalogue exhaustif de la collection, qui devrait permettre d'apporter un éclairage nouveau sur ces objets, sur les croyances et les pratiques qu’ils impliquent, sur les formes d’art originales qu’ils révèlent, c’est-à-dire sur des aspects de la vie à Deir el-Medina qui sont encore peu connus.
À ces figurines de femmes viendront s’ajouter d’autres petits objets procédant à priori du champ sémantique de la fécondité et de la fertilité : modèles de lits, figurines de Bès (étudiés par Guy Lecuyot), figurines d’hommes en érection, et genitalia – modèles de phallus en érection et sexes féminins.
Bibliographie issue du projet :
A. Austin, M.-L. Arnette, « Of Ink and Clay: Tattooed Mummified Human Remains and Female Figurines from Deir el-Medina », JEA 108, 2022, p. 1-18.
M.-L. Arnette, « Female Figurines from Deir el-Medina: Preliminary remarks on the Ifao’s Collection », in F. Poole, S. Töpfer, P. del Vesco, Paolo (éd.), Deir el-Medina through the Kaleidoscope. Proceedings of the International Workshop Turin 8th-10th October 2018, Torino, Museo Egizio, 2022, p. 502-530.